Canicule : Les vaches n’apprécient pas le stress thermique
La chaleur n’est pas bonne pour les vaches, surtout les hautes productrices. Au-delà de la baisse de l’ingestion et de la production, l’immunité, les pieds et la reproduction sont mis à mal.
La chaleur n’est pas bonne pour les vaches, surtout les hautes productrices. Au-delà de la baisse de l’ingestion et de la production, l’immunité, les pieds et la reproduction sont mis à mal.
Le stress thermique démarre dès 20°C
Les vaches dégagent beaucoup de chaleur. Plus elles produisent, plus leur température monte. Dès 20-22°C, elles commencent déjà à avoir du mal à s’autoréguler. Elles ont beau ouvrir la bouche, augmenter leur fréquence respiratoire, transpirer et chercher de l’ombre, elles souffrent ! Il faut dire que la taille de leurs poumons les handicape. Leur capacité pulmonaire est trois fois inférieure à la nôtre, à poids équivalents ! Pour s’adapter, les vaches modifient leur comportement alimentaire : elles boivent plus, mangent moins et ruminent moins. Ce changement impacte la microflore ruminale et altère leur production. Elles se couchent moins et restent plus longtemps debout pour se refroidir.
La qualité du lait est impactée
Chez les vaches soumises à un stress thermique, les cellules augmentent, les quantités de lait et les taux diminuent. « En août dernier, nous avons observé une augmentation du taux cellulaire moyen de 55 % chez nos élevages adhérents, avec un pic à 350 000 cellules par millilitre en Normandes et 330 000 en Prim’Holstein », illustre François Normand, d’Elvup dans l’Orne. Entre juillet et novembre, l’écart de TB a été de 3,8 points et celui de TP de 2,8 points en Normandes, et respectivement de 4,8 et 2,2 en Prim’Holstein.
Le nombre de mammites cliniques augmente en raison d’une baisse de l’immunité et d’une plus grande pression infectieuse. Sans oublier l’impact des mouches dans la transmission des pathogènes. Il faut freiner leur propagation tôt dans la saison. Le maintien du post-trempage limite la transmission de pathogènes et permettra aussi une hydratation des trayons irrités par les UV. « Il ne semble pas qu’un germe en particulier se développe plus qu’un autre. Sur nos élevages, les coliformes et streptococcus uberis sont principalement en cause, commente Annette Fichtl, vétérinaire. L’été, l’hygiène apparaît encore plus essentielle, notamment la propreté des vaches et des zones de couchage. »
Les vaches taries sont particulièrement sensibles
Durant le tarissement, la baisse d’immunité liée au stress thermique est très préjudiciable. Les vaches taries deviennent plus sujettes aux maladies liées au vêlage (métrites, non-délivrances) et se montrent également plus sensibles aux mammites et troubles respiratoires en lactation suivante. Leur fertilité est pénalisée, de même que la réponse immunitaire en cas de vaccination. Leur colostrum est de moins bonne qualité (-10 point d’IgG avec un indice THI supérieur à 70), ce qui expose davantage les veaux aux maladies. Leur gestation peut être raccourcie (jusqu’à -7 j).
Le stress thermique provoque aussi des dérèglements hormonaux et diminue la perfusion sanguine de la glande mammaire, ce qui nuit au développement de celle-ci. Le début de lactation est fortement pénalisé, la vache réduisant fréquemment sa production de plusieurs kilos. « Nous avons estimé cette perte à 155 kilos de lait sur la lactation suivante en intégrant les données météo moyennes du département de l’Orne, sur les bases d’un tarissement de deux mois et d’une modélisation américaine », détaille François Normand. L’aire de vie des taries est à rafraîchir en priorité. « Veillez aussi à distribuer une ration appétente et équilibrée, de faible niveau énergétique (<0,8 UFL), et à un abreuvement suffisant (60 à 150 l). »
La reproduction elle aussi est perturbée
Les perturbations hormonales associées au déficit énergétique et au stress oxydatif perturbent le développement des follicules. Les ovocytes sont de moins bonne qualité. Les œstrus sont plus courts et moins intenses, d’où une moindre expression des chaleurs. Au final, le taux de réussite à l’insémination peut baisser jusqu’à 30 %, selon des données étrangères. Côté mâle, ce n’est guère mieux. La spermatogénèse aussi en prend un coup. Mieux vaut privilégier l’insémination que la monte naturelle en période de stress thermique, ou au moins contrôler la gestation. Ces périodes ne sont pas propices non plus au transfert embryonnaire, et les techniques d’induction de chaleurs ne sont pas un remède efficace dans ces situations.
La fécondité aussi est pénalisée, notamment en raison d’une perfusion sanguine de l’utérus plus limitée et d'un dysfonctionnement de la muqueuse utérine. Le risque d’avortement et de mortalité embryonnaire est plus marqué.
Ce qu’il faut faire pour limiter l’impact de la chaleur
Définition
L’indice THI (Temperature Humidity Index) permet d’évaluer l’inconfort thermique des herbivores. Il prend en compte la température mais aussi le niveau d’humidité relative de l’air, qui accentue l’effet de la chaleur. Chez les laitières, le seuil de stress thermique léger est estimé à 68.